Collecte et analyse de données en santé et en sécurité du travail

La méthodologie employée

Sources de données

Les données sur les lésions professionnelles proviennent du Dépôt de données central et régional (DDCR) de la CNESST. Ces données administratives contiennent notamment des informations permettant de décrire la lésion, le travailleur qui en est victime et son employeur. On y trouve également des renseignements sur la sévérité de la lésion et les atteintes à la santé du travailleur ainsi que sur les frais et indemnités qui en découlent. Le DDCR ne fournit cependant pas une mesure précise du nombre de travailleurs couverts par le régime de SST.

Pour pallier l’absence d’informations détaillées à la CNESST sur les effectifs de travailleurs couverts et les heures travaillées, certains indicateurs de SST sont produits à partir d’un croisement entre les données sur les lésions professionnelles de la CNESST et celles sur la main-d’œuvre de Statistique Canada (Recensement de la population, EERH, EPA). Le croisement de ces sources permet de calculer divers indicateurs, tandis que d’autres reposent uniquement sur les données de la CNESST.

Portée et limites des indicateurs

Les indicateurs de lésions professionnelles reflètent seulement les cas déclarés et acceptés par la CNESST. Par ailleurs, en raison de différences de classification entre les données de la CNESST et de Statistique Canada, une répartition des professions en trois catégories (manuel, non manuel, mixte) est utilisée, tandis que des regroupements sont faits pour certaines activités économiques, qui reposent sur la classification SCIAN 2017. 

D’autre part, une méthode d’imputation de la catégorie professionnelle a été appliquée aux dossiers de lésions de la CNESST pour lesquels la profession est inconnue. Cette méthode vise à répartir ces dossiers selon la distribution par catégorie professionnelle des lésions acceptées dont la profession est connue et partageant des caractéristiques similaires (industrie, sexe, présence de jours indemnisés, catégorie de dossier (maladie ou accident), groupes d’âge, présence d’APIPP). Cette imputation est susceptible d’entraîner un certain biais dans la distribution des lésions par catégorie professionnelle.

Mise en garde sur l’utilisation des résultats

Les données et indicateurs de lésions professionnelles ont été compilés, traités et analysés pour les besoins de l’IRSST. Ainsi, les résultats peuvent différer de ceux publiés par la CNESST ou d’autres organismes en raison de différences méthodologiques. La comparaison des résultats avec d’autres sources doit être faite avec prudence.

Nos indicateurs statistiques de lésions professionnelles

Taux de fréquence en équivalent temps complet (ETC) des lésions professionnelles

Le taux de fréquence ETC est le résultat du rapport du nombre de lésions professionnelles survenues au cours d’une période de temps sur le nombre de travailleurs ETC durant cette même période. Un travailleur ETC correspond à 2 000 heures travaillées. Exprimé en pourcentage (%), ce taux représente une bonne approximation du risque de subir une lésion professionnelle au cours d’une année de travail à temps complet (2 000 heures). Ce taux correspond au taux de fréquence tel que proposé par les conventions internationales.

Le fait de considérer les heures travaillées dans le calcul du nombre de travailleurs ETC permet d’obtenir un taux de fréquence qui tient compte, en quelque sorte, de la durée d’exposition au risque de lésion professionnelle.

Le taux de fréquence ETC peut être calculé pour l’ensemble des lésions acceptées par la CNESST ou pour le sous-ensemble des lésions acceptées ayant entraîné une perte de temps indemnisée par la CNESST. Il pourrait aussi être calculé pour d’autres sous-ensembles, par exemple les lésions ayant entraîné une atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique (APIPP).

Méthode de calcul

Nombre de lésions professionnelles survenues durant la période t

X 100

Nombre de travailleurs ETC durant la période t

Numérateur
Fichiers administratifs de la CNESST.

Dénominateur
Recensement de la population (ajustement avec EERH) ou EPA de Statistique Canada.

Méthode de calcul

Nombre de jours indemnisés pour les lésions professionnelles survenues durant la période t

Nombre de lésions professionnelles survenues durant la période t

Numérateur
Fichiers administratifs de la CNESST.

Dénominateur
Fichiers administratifs de la CNESST.

Durée moyenne d’indemnisation par lésion professionnelle

La durée moyenne d’indemnisation par lésion professionnelle est le résultat du rapport du nombre total de jours indemnisés pour les lésions professionnelles survenues au cours d’une période t sur le nombre de ces lésions professionnelles survenues durant la période t.

La durée moyenne d’indemnisation peut être interprétée comme un indicateur de gravité dans la mesure où l’on présume que plus une lésion est grave, plus le nombre de jours d’indemnisation nécessaires au rétablissement et à la réadaptation sera élevé.

Les jours indemnisés, comptés en jours civils, incluent ceux suivant l’événement initial, ainsi que ceux suivant les rechutes, récidives ou aggravations. Ces jours sont cumulés de l’événement initial jusqu’à la dernière mise à jour des données (période de maturité des données). Il est généralement préconisé de sélectionner les lésions avec perte de temps indemnisée (PTI) afin de mesurer la durée moyenne d’indemnisation uniquement pour les cas ayant engendré des jours d’absence.

Durée moyenne d’indemnisation par lésion professionnelle

La durée moyenne d’indemnisation par lésion professionnelle est le résultat du rapport du nombre total de jours indemnisés pour les lésions professionnelles survenues au cours d’une période t sur le nombre de ces lésions professionnelles survenues durant la période t ayant entraîné une perte de temps indemnisée par la CNESST.

La durée moyenne d’indemnisation peut être interprétée comme un indicateur de gravité dans la mesure où l’on présume que plus une lésion est grave, plus le nombre de jours d’indemnisation nécessaires au rétablissement et à la réadaptation sera élevé.

Les jours indemnisés, comptés en jours civils, incluent ceux suivant l’événement initial, ainsi que ceux suivant les rechutes, récidives ou aggravations. Ces jours sont cumulés de l’événement initial jusqu’à la dernière mise à jour des données (période de maturité des données).

Méthode de calcul

Nombre de jours indemnisés pour des lésions professionnelles survenues durant la période t

Nombre de lésions professionnelles survenues durant la période t ayant entraîné des jours indemnisés

Numérateur
Fichiers administratifs de la CNESST.

Dénominateur
Fichiers administratifs de la CNESST.

Taux de fréquence-gravité ETC

Cet indicateur est une mesure synthétique qui combine le taux de fréquence ETC et la durée moyenne d’indemnisation.

L’indicateur de fréquence-gravité correspond au nombre moyen de jours indemnisés par travailleur ETC. Cet indicateur constitue une estimation de l’effet combiné de la fréquence et de la gravité des lésions.

Les jours indemnisés, comptés en jours civils, incluent ceux suivant l’événement initial ainsi que ceux suivant les rechutes, récidives ou aggravations. Ces jours sont cumulés de l’événement initial jusqu’à la dernière mise à jour des données (période de maturité des données). Le calcul du taux de fréquence-gravité, qui utilise les heures travaillées pour estimer le nombre de travailleurs ETC, permet de mieux tenir compte de la durée d’exposition au risque d’une lésion professionnelle.

Méthode de calcul

Nombre de jours indemnisés pour les lésions professionnelles survenues durant la période t
Nombre de travailleurs ETC durant la période t

Numérateur
Fichiers administratifs de la CNESST.

Dénominateur
Recensement de la population (ajustement avec EERH) ou EPA de Statistique Canada.

Méthode de calcul

Les coûts totaux correspondent à la somme de plusieurs éléments :

Coûts des lésions professionnelles

Les indicateurs économiques permettent de mesurer les conséquences globales des lésions professionnelles et visent, entre autres, à déterminer quels groupes de travailleurs ont les problèmes de SST les plus coûteux (sur les plans financiers et humains).

Trois types d’indicateurs économiques sont produits par l’IRSST : les coûts totaux, le coût moyen par lésion, ainsi que le coût moyen par travailleur ETC. Ces indicateurs économiques permettent d’établir pour quels groupes de travailleurs et quels types de lésions les coûts sont les plus importants.

Les coûts des lésions professionnelles sont probablement sous-estimés en raison de limites méthodologiques. Les débours, ayant une maturité moyenne de trois ans, excluent ceux survenus après cette période. De plus, les indicateurs couvrent uniquement les lésions déclarées et acceptées par la CNESST et certains coûts ne sont pas inclus (dommages matériels, heures supplémentaires, etc.). Une interprétation prudente des résultats est donc recommandée, en privilégiant les classements aux montants affichés.

Coûts des lésions professionnelles

Les indicateurs économiques permettent de mesurer les conséquences globales des lésions professionnelles et visent, entre autres, à déterminer quels groupes de travailleurs ont les problèmes de SST les plus coûteux (sur les plans financiers et humains).

Trois types d’indicateurs économiques sont produits par l’IRSST : les coûts totaux, le coût moyen par lésion, ainsi que le coût moyen par travailleur ETC. Ces indicateurs économiques permettent d’établir pour quels groupes de travailleurs et quels types de lésions les coûts sont les plus importants.

Les coûts des lésions professionnelles sont probablement sous-estimés en raison de limites méthodologiques. Les débours, ayant une maturité moyenne de trois ans, excluent ceux survenus après cette période. De plus, les indicateurs couvrent uniquement les lésions déclarées et acceptées par la CNESST et certains coûts ne sont pas inclus (dommages matériels, heures supplémentaires, etc.). Une interprétation prudente des résultats est donc recommandée, en privilégiant les classements aux montants affichés.

Méthode de calcul

Les coûts totaux correspondent à la somme de plusieurs éléments :

L’ensemble des dépenses encourues pour soigner et réhabiliter une personne blessée ou malade à la suite d’une lésion professionnelle, selon les données de la CNESST.

Heures non travaillées (ou non productives), mais payées sous forme de salaires et avantages sociaux par l’employeur, le jour de l’accident. Ainsi, une demi-journée de travail perdue a été attribuée à chaque accident, ce qui correspond à la perte moyenne estimée.

La valeur du travail rémunéré et non rémunéré qui n’est plus effectué par le travailleur ayant subi la lésion, excluant la journée de l’accident.


Perte de salaire

Pour les lésions avec jours indemnisés, le salaire brut journalier (salaire hebdomadaire divisé par 7) du travailleur est multiplié par le nombre de jours indemnisés (mesuré en jours civils ). Pour les décès, la méthode du capital humain est utilisée. Cette méthode actualise les salaires bruts futurs à partir de l’année du décès jusqu’à l’année anticipée de la retraite. Le modèle est le suivant :

  • VP est la valeur présente des revenus futurs.
  • Ps,y,n est la probabilité qu’une personne de sexe s et d’âge y survive jusqu’à l’âge n.
  • Sn est le salaire annuel du travailleur à l’âge n (ajusté pour la croissance des salaires).
  • g est le taux de croissance de la productivité du travail (1 %).
  • r est le taux d’actualisation réel (3 %).

 

Avantages sociaux

Certains travailleurs obtiennent des avantages sociaux, qui sont payés par les employeurs et qui peuvent être considérés comme faisant partie du coût de la main-d’œuvre. Des données personnalisées provenant de Statistique Canada permettent d’attribuer des taux d’avantages sociaux spécifiques à chaque industrie. Un terme ASind est donc ajouté à l’équation précédente :


Travail ménager non rémunéré

Tâches domestiques, entretien de la maison, etc. Pour les lésions ayant des jours indemnisés, on multiplie le nombre de jours par la valeur quotidienne du travail ménager. La valeur annuelle du travail ménager est estimée à 19 397 $ pour une femme et de 11 970 $ pour un homme (Hamdad, 2003). Ensuite, le montant est multiplié par 90 % pour tenir compte du fait que ce n’est pas l’intégralité du travail ménager qui ne peut plus être effectué. Dans le cas de décès, on utilise la formule suivante :

  • VPTM est la valeur présente du travail ménager non effectué.
  • TMs est la valeur annuelle du travail ménager pour un individu de sexe s.
  • correspond à l’âge au décès du travailleur.
  • ey est le nombre moyen d’année de vie restantes (espérance de vie) à l’âge y.
  • est le taux d’actualisation réel (3 %).

Coûts de roulement du personnel (recrutement, formation, etc.). D’abord, les lésions ayant engendré un roulement de personnel sont identifiées (ex. : décès par accident, travailleurs identifiés inemployables). Ensuite, le salaire annuel du travailleur est multiplié par 30 %, ce qui constitue une estimation conservatrice du coût du roulement de personnel.

Valeur du changement de la qualité de vie du travailleur et de son entourage (famille, amis et autres membres de la communauté); durée de ces changements; années potentielles de vie perdues (décès). D’abord, il faut estimer les années de vie corrigées de l’incapacité ou DALY (Disability-Adjusted Life Year – anglais) pour chacune des lésions professionnelles acceptées qui engendrent soit un décès ou une incapacité permanente. Un DALY équivaut à une année de vie perdue en bonne santé.

Le poids associé à l’incapacité (D) est déterminé par l’atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique (APIPP), qui est une donnée présente dans les fichiers administratifs de la CNESST. La valeur de D varie de 0 (taux d’APIPP de 0 %) à 1 (taux d’APIPP de 100 %). Dans les rares cas où le taux d’APIPP dépasse les 100 %, la valeur de D est plafonnée à 1, afin de ne pas surestimer les coûts.

  • YLL est le nombre d’années potentielles de vie perdues (years of life lost).
  • YLD est le nombre d’années vécues avec une incapacité en tenant compte de l’importance de cette incapacité (years of life with disabilities).
  • nd est l’espérance de vie restante à l’âge du décès.
  • ni est l’espérance de vie restante à l’âge du début de l’incapacité permanente.
  • D est le poids de l’incapacité (entre 0 et 1).
  • r est le taux d’actualisation réel (3 %).
  • e est la constante de Néper (2,718 …).

Illustrons la situation d’un individu qui est atteint d’une lésion à l’âge de 20 ans (figure 1). Cette lésion entraîne une invalidité de 25 % (donc une qualité de vie réduite à 75 %) et un décès prématuré à l’âge de 50 ans. En ne tenant pas compte de l’actualisation, la lésion a pour conséquence d’engendrer 37,5 DALY, selon une espérance de vie de 80 ans. Le calcul se fait en calculant l’aire de la zone bleu pâle dans la figure 1.

Le calcul des coûts humains se fait par la suite en multipliant le nombre de DALY par la valeur statistique d’une année de vie. Celle-ci s’obtient en isolant la variable VLY dans la formule suivante :

  • VSV est la valeur statistique d’une vie humaine.
  • VLY est la valeur statistique d’une année de vie (value of a statistical life year)
  • r est le taux d’actualisation réel (3 %).


La valeur statistique d’une vie humaine utilisée dans nos estimations est tirée du
Guide de l’analyse avantages-coûts des projets publics en transport du ministère des Transports du Québec. À titre d’exemple, la VSV mentionnée dans ce guide s’élève à 3 533 667 $, en dollars de 2015 (Ministère des Transports du Québec, 2017), ce qui permet d’obtenir une VLY de 152 875 $. Cette valeur peut varier selon les révisions futures de ce guide.

Références

Hamdad, M. (2003). Valuing Households’ Unpaid Work: Comparisons between 1992 and 1998. : Statistics Canada.

Ministère des Transports du Québec. (2017). Guide de l’analyse avantages-coûts des projets publics en transport routier : paramètres (Valeurs de 2015).

Glossaire

Que signifient les acronymes et autres termes spécialisés?

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